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Les mots d'Alexandre Tchemintov
17 septembre 2020

Danser

Danser, seulement pour danser, se sentir être un corps et n’être que cela, ne plus sentir la séparation, le chiasme, le chaos et les douleurs mais danser. Puisque danser c’est être, c’est sentir que Dieu n’a jamais rien vu et que seul avec soi nous sommes tout. L’univers est dans nos bras, nos jambes, au creux des reins et dans le ventre. Danser, c’est accomplir l’acte le plus fort de toute solitude, se faire bercer par soi, l’onanisme sans sexe, juste le corps entier. Entrer en transe, oublier dans un mouvement que l’on est, ne pas se voir, juste se sentir. Sentir le mouvement intérieur de son être, sentir la mise en branle du ventre. Comme des cordes qui fusionnent au paquetage, se sentir amoureux, de l’amour sans objet, le corps sensuel, sensualisé. Quand la danse est là, il ne peut plus y avoir d’esprit, on ne pense plus, on laisse faire, on se déploie comme si nous redevenions l’animalcule dans le ventre de notre mère. Danser pour crier son athéisme : point besoin de savoir si le monde est réel ou illusion, si la terre se sépare en deux, ou si les cieux sont occupés. Quand je danse, la mort n’est pas, je l’ai battue, car je suis enfin vivant, tellement vivant, plus que surhomme, je suis sur-vivant, à jamais là, instant d’un éternel retour. Répéter le geste. Oublier la raideur des hanches, oublier le dos qui fait souffrir de trop d’étude : être et aimer : danser.

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